Edvard Munch : le cri d'amour envers le corps masculin
Le Norvégien Edvard Munch (1863 – 1944) est l’un des plus célèbres peintres scandinaves. Entre symbolisme en vogue et expressionnisme naissant, l’auteur du célèbre Cri est un peintre de l’âme et des émotions. Son pessimisme n’est guère éloigné de la philosophie d’Arthur Schopenhauer et surtout de Friedrich Nietzsche, ainsi que de la poésie mallarméenne. Il aborde dans ses œuvres les thèmes attachés à la mort, l’angoisse et la douleur, avec plus de lyrisme que de réalisme. Esprit de ce que l’on a nommé la « décadence fin de siècle », Munch a livré une œuvre profondément biographique et l’une des plus singulières de la mouvance symboliste.
Ses représentations du nu masculin sont nombreuses.
Sa vie
Edvard Munch est né dans les environs d’Oslo (qui portait le nom de Christiania jusqu’en 1925), mais a passé son enfance dans la capitale, où ses parents se sont installés. Son père est médecin militaire, et la famille est plutôt aisée. Très jeune, il est confronté à la mort de sa mère et de l’une de ses sœurs. Lui-même est de constitution chétive et de nature anxieuse. Il est élevé par sa tante, qui l’encourage à développer ses prédispositions au dessin.
Le désir de devenir artiste chevillé au cœur, il commence à se former à l’École royale de dessin, après avoir renoncé à une carrière d’ingénieur. Munch s’émancipe et fréquente l’académie de plein air dirigée par Frits Thaulow. La vingtaine atteinte, il voyage à travers l’Europe, séjournant à Berlin et à Paris grâce à une bourse. Dans la capitale française, il découvre les post-impressionnistes, en particulier les œuvres de Paul Gauguin et de Vincent Van Gogh qui le marquent.
De retour en Norvège, Munch fréquente la bohème et les milieux anarchistes. Son caractère torturé le pousse à explorer des thèmes complexes et morbides. Il souffre de crises hallucinatoires, de jalousie excessive, et expose une toile controversée intitulée L’Enfant malade (1885). La mort de son père, qu’il apprend lors d’un second séjour à Paris, le bouleverse une nouvelle fois.
Munch est un peintre des émotions, mais aussi des démons. Ses thèmes explorent les recoins les plus sombres de la psyché humaine, où se nichent les angoisses, les peurs, les souffrances. L’artiste trouve ses sujets en sondant ses propres questionnements existentiels. Chaque œuvre est imprégnée d’une sourde tension psychologique. Régulièrement exposées, ses toiles suscitent à chaque fois l’embarras du public.
Tout en faisant scandale, il acquiert une grande notoriété, en particulier en Allemagne. Entre Berlin et Paris, Munch développe aussi des talents de graveur et de lithographe. La mort continue à le poursuivre : il perd un frère en 1895 et sa sœur entre en hôpital psychiatrique. Ses amours ne sont pas plus heureuses ; il vit notamment une histoire passionnelle et violente avec une femme de la haute société, Tulla Larsen. La dépression le gagne.
Pendant la Grande Guerre, Munch revient se fixer non loin d’Oslo. Il acquiert, en 1916, une propriété à Skøyen, qui devient sa résidence et son atelier. Dans cet environnement, Munch se consacre à la peinture de paysage. En 1927, il s’essaye à de petits séquences cinématographiques. Affaibli par des problèmes de santé, dont des troubles de la vision, puis considéré comme un artiste dégénéré par les nazis qui ont envahi la Norvège, il meurt en 1944, après avoir pris soin de léguer son œuvre à la ville d’Oslo.
Quelques photos de l'artiste travaillant des poses en bord de mer ainsi que dans les bois :