Spartacus brisant ses liens
Spartacus brisant ses liens réalisé en 1831 par le sculpteur Denis Foyatier (1793-1863)
Musée du Louvre
Il nous regarde, l’air sévère, à la fois concentré et furieux. Dans sa main droite, un glaive. Dans la gauche, des chaînes rompues. Spartacus, le soldat de l’armée romaine devenu gladiateur, vient de se libérer de ses entraves et il est décidé à en découdre.
La vie de ce personnage historique est difficile à retracer. Tout ce que l’on sait avec certitude, c’est qu’il est né en Thrace – aujourd’hui dans la péninsule des Balkans – et qu’il a mené une révolte d’esclaves entre 73 et 71 avant J.-C. Celle-ci fut réprimée dans le sang par le général romain Crassus.
Spartacus est encore perçu aujourd’hui comme l’image même de la résistance face à un régime totalitaire. C’est un exemple de vertu. Rien d’étonnant alors à ce que la sculpture ait été l’objet d’une récupération politique !
On y a en effet vu un symbole des Trois Glorieuses, ces trois jours de révolte qui, en juillet 1830, ont conduit à la destitution du roi Charles X et à l’avènement de Louis-Philippe. Dans les faits, on sait que ce n’était pas le projet de l’artiste que de dénoncer la royauté, au contraire… La version en marbre de Spartacus, conservée au Louvre, a en effet été commandée à l’artiste, en 1828, par l’administration royale de Charles X !
L’histoire fabrique parfois elle-même ses propres paradoxes...