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L’idéal de beauté masculin est imperméable aux modes. Si le nu est féminin est omniprésent dans l’art jusqu’à saturer notre imaginaire, le nu masculin reste timide tout en étant un canon immuable dans l’art. Parce que le corps de l’homme est un support de représentation symbolique, osons le nu masculin dans l’art, au fil du temps ; osons autant le nude (nu) que le naked (déshabillé) en anglais.

14 Jul

Pierre-Yves Coustère : murmures de nus masculins

Publié par Romain  - Catégories :  #20ème siècle

Pierre-Yves Coustere - murmure - 1983

Pierre-Yves Coustere - murmure - 1983

Cette œuvre peinte et dessinée de Pierre-Yves Coustère nous amène à nous pencher sur une composition singulière de ce créateur fécond et discret. «  Murmure » montre son appétence pour des nus masculins dessinés ou peints avec une précision néoclassique digne de ceux d’Hippolyte Flandrin.

« Dès son adolescence, Pierre-Yves Coustère (1938 – 2017) décide assez vite de se tourner vers la danse : il a assisté à une représentation du Lac des cygnes, il a tout juste treize ans et décide de monter à Paris étudier cet art et aussi de s’essayer au théâtre. Après un retour à Pau, il adopte Paris, où il vivra et travaillera Il exprime depuis un âge tendre son intérêt pour le dessin et la création picturale » (Comentale, 2020).

 

Sujets humains et improbables

Observateur intense, le corps masculin est au centre de son propos : il synthétise le regard du danseur qui parfait ses figures, celui du comédien qui s’approprie l’espace, et aussi, et surtout, la vision du peintre qui rend en volume imaginaire et réel sublimé. Autodidacte, il a son cheminement propre, ses esquisses plus ou moins abouties sur des morceaux de papier fin ou de calque :

Pierre-Yves Coustere - dessin préparatoire pour murmure - 1983

Pierre-Yves Coustere - dessin préparatoire pour murmure - 1983

Ce dessin préparatoire révèle est de petites dimensions. Coustère met un soin important à certains portraits en buste ou à mi-corps réalisés à l’encre, repris ensuite en lavis divers. Esquisses aussi, réalisées d’après modèle, des amis, des proches, comme le montre cette photo :

Pierre-Yves Coustere - modèle pour murmure - 1983

Pierre-Yves Coustere - modèle pour murmure - 1983

Le milieu professionnel est un creuset favorable à ces études progressives qui aboutissent soit à un dessin achevé, souvent rehaussé au lavis, soit à une huile sur toile aux proportions plus importantes.

Le sujet choisi, souvent un ou plusieurs hommes, de plain-pied ou morcelés, renvoie à des éléments de vie autres et ainsi transposés. L’œuvre s’avère la traduction de ces atmosphères de silence et de solitude, une atmosphère rendue plus lourde dans des architectures improbables montrant aussi son goût des sites grandioses, Petra, Venise, des sites propices à une mise en scène qui rend une vision dramatique de l’univers. 

Sa fréquentation des musées, des sites archéologiques a laissé quelques éléments admiratifs, rassurants, auxiliaires de fuite au réel. On distingue deux périodes, la première est celle qui mêle l’homme à un décor de colonnades antiquisantes, le plus souvent vides ou bien au sein desquelles des zones autres, un plan d’eau, un élément inattendu comme l’eau qui envahit les sols comme cet "antichambre réalisé en 1983 :

Pierre-Yves Coustere - Antichambre - 1983

Pierre-Yves Coustere - Antichambre - 1983

Ces éléments de décor viennent perturber une atmosphère qui se serait voulue apaisante et lui conférent une force, un poids inquiétants. 

La deuxième période montre des architectures insensées, esquissées, comme attaquées par les réseaux de signes qu’aurait affectionnés Antoni Tàpies (Barcelone, 1923-2012).

Ces œuvres, Coustère les construit comme des scènes sur lesquelles ses personnages sont en place, pour faire partager la beauté du corps ou pour introduire une narration, des épisodes de sensualité ou des rescapés de moments tragiques.

Le personnage, quasi absent, devient une statue antique, partiellement démembrée plongée dans un passé historique autant que toute appartenance humaine lui est niée. La scène renvoie à une architecture entre réel et vraisemblable comme dans ce "métamorphose" de 1983 :

Pierre-Yves Coustere - métamorphose - 1983

Pierre-Yves Coustere - métamorphose - 1983

 

Les événements de la vie quotidienne, sociale, personnelle, forgent un caractère toujours animé par une curiosité et une soif de vie cependant teintées de regrets, « pour chasser des souvenirs imaginaires ou se libérer de secrètes expressions ».

Pierre-Yves Coustère : murmures de nus masculins
Pierre-Yves Coustère : murmures de nus masculins
Pierre-Yves Coustère : murmures de nus masculins
Pierre-Yves Coustère : murmures de nus masculins
Pierre-Yves Coustère : murmures de nus masculins
Pierre-Yves Coustère : murmures de nus masculins

 

Orienter l’esthétique antique vers un goût contemporain et personnel est l’un des axes de cette peinture qu’affectionne Pierre-Yves Coustère qui appartient également à ce courant de peintres épris de ces atmosphères en compositions silencieuses.

Pierre-Yves Coustère a mené, sa vie durant, une quête instinctive vers la beauté, la perfection formelle pleine d’une intensité sensuelle dont les œuvres révèlent les jalons d’une vie parfois éclatante, ou en grande détresse face au monde.

Pierre-Yves coustere - l'allumette - 1982

Pierre-Yves coustere - l'allumette - 1982

Pierre-Yves Coustere - composition au nu masculin

Pierre-Yves Coustere - composition au nu masculin

 

Une dernière œuvre pour le plaisir des yeux : 

Pierre-Yves Coustère : murmures de nus masculins
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À propos

L’idéal de beauté masculin est imperméable aux modes. Si le nu est féminin est omniprésent dans l’art jusqu’à saturer notre imaginaire, le nu masculin reste timide tout en étant un canon immuable dans l’art. Parce que le corps de l’homme est un support de représentation symbolique, osons le nu masculin dans l’art, au fil du temps ; osons autant le nude (nu) que le naked (déshabillé) en anglais.