Roberto Ferri, anges et démons du corps masculin
Roberto Ferri, né en 1978, est un artiste et peintre italien né à Tarente qui s' est profondément inspiré par l'art Baroque (le Caravage en particulier) et des grands maîtres de Romantisme, de l'Académie, et du Symbolisme.
« J’aime définir mon art comme atemporel, rejetant ainsi les concepts de « contemporain » et d' »anachronisme ». Mon art se veut être un cri silencieux, et j’entends récupérer toutes les valeurs que l’art contemporain a essayé de détruire, en particulier celle de la Beauté, qui a été blessée et portera inévitablement cette cicatrice. Ma peinture veut célébrer ce concept même, alors que l’art contemporain, depuis des décennies, ne se préoccupe que de générer et de régénérer le concept dont il se nourrit, généralement dans le seul but d’étonner. Il est nécessaire de retrouver tout ce qui fait de nous des êtres humains, faits de sentiments, d’émotions et de pulsions, et qui nous a permis, au cours des siècles passés, de créer de grands chefs-d’œuvre, témoignage que la Beauté est intrinsèque à notre « être » et que nous y aspirons inévitablement. Il faut savoir que le processus de création est un processus dynamique. Il correspond à la recherche éternelle de la Beauté qui sera interrompue par la finition du tableau mais dont le mouvement se poursuit. Ainsi, le sujet continue à vivre dans l’esprit de la création. »
Roberto Ferri a atteint une renommée mondiale pour avoir peint des corps extrêmement beaux, souvent masculins, souvent entièrement nus ou presque. Cependant, ces corps ne sont jamais sexualisés. Il réussit ainsi la « nudité désincarnée » ? Comment est-il possible de montrer son corps tout en restant pudique ?
« Je renoue avec le discours sur la beauté dont je parlais tout à l’heure. Je parlerais de corps qui, dans leur nudité et leur beauté, cherchent quelque chose qui va au-delà de la sexualité, à travers la douleur et la souffrance de leur âme reflétée dans leur chair, pour atteindre une certaine connaissance d’eux-mêmes et de leur création. Pour arriver à quelque chose qui est au-delà de la réalité qui se révèle devant nos yeux. C’est pour cette raison que l’on trouve souvent dans mes tableaux des déformations monstrueuses qui mortifient le corps ou des machines que je définis comme nobles, comme les sextants et les astrolabes, qui déchirent parfois la chair ou sont des machines de torture qui guident parfois l’âme vers la rédemption. C’est un processus de sublimation qui attire l’observateur qui en est d’abord fasciné, mais qui est immédiatement catapulté dans une autre vision souvent plus macabre, sans être négative. En outre, les personnages de mes tableaux représentent extérieurement des anges, des démons, des dieux, mais en réalité, c’est comme s’il s’agissait d’autoportraits intérieurs qui émergeaient plus profondément de la surface pour être peints sur la toile. De cette façon, la sexualité passe au second plan par rapport au désir d’extérioriser une émotion ou un sentiment. »