McWillie Chambers ou l'exaltation masculine. 1
McWillie Chambers est un peintre américain de la Louisiane né en 1951.
La peinture de McWillie Chambers n’est aucunement conflictuelle, et pourtant il se trouve devant un grand dilemme et laisse sa propre grâce inhérente le résoudre. Le dilemme est que la plupart des sujets de Chambers, mais pas tous, sont des nus masculins. Il y a un homme avec une érection, il y a eu des actes sexuels dépeints.
Certaines de ses sources sont des magazines porno, des publicités pour les crêpes et des culottes. Il travaille aussi à partir de photos originales, les siennes et d’autres personnes, ainsi que des gens croisés dans la rue, même brièvement.
En fait, la mémoire est la clé de ce travail. La mémoire alimentée par le désir l’attire vers ces athlètes innocents. Il ne peint pas des pommes et des fleurs, ou des indigents. Il peint ce qu’il doit peindre et est totalement engagé à une vision positive de la vie. Une pomme ne l’excite pas. Ses tableaux sont un répit de la souffrance du monde que nous connaissons trop bien. Sa peinture est une célébration du désir, la mémoire du désir. Son travail flirte avec le spectateur, en engageant un dialogue érotique plutôt que d’être voyeuriste. Jamais les hommes et les lieux n’ont été aussi désirables.
Chambers a grandi en Louisiane, la terre de la grâce et de la sophistication du sud profond. Le seul paysage d’une de ses oeuvres raconte toute l’histoire. Chambers a été élevé avec une attitude rare envers la vie, difficile à croire réellement pour les citadins. Les bigots trouvent leur préférence dans le sexe, mais même eux seront séduits par la peinture. La peinture coule et se déplace sur la surface et dans l’espace. Pas un instant ne fait céder sa sensualité. La peinture est chaude, la couleur éblouissante, la lumière subtropicale. Il nous donne le climat de la Nouvelle-Orléans, la chaleur, l’humidité, l’air que l’on peut vraiment voir.
Dans chaque tableau il se souvient et désire, il place les hommes dont il se rappelle et qu’il désire. Chacun d’eux est un portrait qui transcende la ressemblance. Dans chaque portrait il fait au contraire une connexion érotiquement spirituelle avec l’âme. Même lorsque la sexualité est franche au point d’être émoussée, une innocence est conservée et cette innocence est le véritable contenu de ce travail. Avec une grande honnêteté, il nous donne une innocence que beaucoup d’entre nous ont oubliée ou n’ont jamais connue. La mémoire de Chambers stimule notre propre désir.
Son œuvre est placée dans la tradition de Cadmus, French et Tchelitchew. Ces tableaux semblent très différents en termes d’attitude, de style, de sens du temps et de message. La seule similitude est le sujet. Et même cela est différent. S’il peignait des pommes serait-il dans la tradition de Cézanne ? Charles Demuth et Duncan Grant sont mentionnés comme partageant un point de vue personnel et privé. Ce travail est tellement original que la comparaison est difficile à comprendre. Et enfin, même le pauvre Tom Eakins est interpelé. Il aurait mieux valu considérer le cas de David Hockney ou de Janet Fish. Hockney et Fish sont des artistes qui se livrent à la joie, qui incarnent le droit constitutionnel américain de poursuivre le bonheur.
Le narcissisme égocentrique de la culture contemporaine et ses clichés nous empêchent de voir les peintures de Chambers. Si nous pouvions aller au-delà de cela et accepter la vraie nature de ces peintures, nous serions embrassés par leur innocence.