Le discobole
Le Discobole (littéralement, « le lanceur de disques » , est l’une des plus célèbres statues de l’Antiquité Grecque. Généralement attribuée à Myron, sculpteur athénien du Ve siècle av. J.-C. (450 av J.-C), elle représente un athlète en train de lancer le disque. Myron, représentant du premier classicisme, était célèbre pour ses représentations d'athlètes, ce qui explique l’attribution.
La statue originale représente un athlète nu — à l'image de tous les athlètes grecs —, glabre, figé alors qu'il prépare le lancer de son disque. La tête est tournée sur le côté. Lucien de Samosate le décrit ainsi : « N'avez-vous pas vu, dans la cour, en entrant, cette belle statue, ouvrage du sculpteur Démétrius – N'est-ce pas cet homme qui tient un disque, et qu'on voit courbé dans l'attitude de le lancer ? Il a le visage tourné du côté de la main qui porte le disque, et ployant doucement le genou, il semble prêt à se relever dès qu'il l'aura jeté. – Ce n'est pas celui-là ; le discobole dont vous voulez parler est une œuvre de Myron. ».
Le mouvement se déploie sur le côté, donnant une composition bidimensionnelle (ce qui est caractéristique du préclassicisme). Le buste est tourné vers le spectateur, tandis que les jambes et les fesses sont de profil. Seule la jambe droite porte le poids de l'ensemble. L'effet produit par ce choix formel est que l'ensemble s'inscrit dans un ensemble presque plat, comme s'il s'agissait davantage d'un haut-relief que d'une ronde-bosse. La composition est géométrisée, théorique.
En effet, le bord des pectoraux est net, la musculature est faite de formes plastiques et théoriques qui se répondent. Le personnage, bien qu'en plein effort, est impassible, le regard serein et sans expression. Pour le spectateur moderne, il peut sembler que le désir de perfection de Myron lui a fait supprimer trop radicalement l'expression de la tension dans chacun de ses muscles. Les paupières sont lourdes, le nez droit, la bouche charnue et légèrement entrouverte, la mâchoire épaisse, le menton fort. On idéalise son visage pour que son image gagne un aspect intemporel.
L'artiste a choisi de représenter le bref moment où le discobole tend le bras au point de relâchement, après le début du mouvement et immédiatement avant le lancer : ce moment est si bref que les athlètes contemporains s'interrogent encore pour savoir s'il existe vraiment. Sa pose semble peu vraisemblable à nos yeux pour un lancer efficace, mais les anciens athlètes opéraient une rotation de seulement trois quarts de tour, contre une rotation d'un tour et demi aujourd'hui. Ce type de rotation était peut-être conçu dans le but d'augmenter la difficulté de la performance sportive. C'est cette pose d'ailleurs qui confère à la statue sa remarquable vivacité.
Le disque grec était un palet de pierre ou de bronze d’environ 20 cm de diamètre. Il pesait plus de 5 kg.
Une hypothèse est que le Discobole appartenait en fait à un groupe représentant Apollon et son amant Hyacinthe. Selon la légende, Apollon tue son amant lors d'un lancer de disque. Une version du mythe explique que le disque a été détourné de sa course par Zéphyr dont Hyacinthe avait repoussé les avances. Le Discobole pourrait donc représenter Hyacinthe seul. Hyacinthe était l'œuvre d'un culte chez les Spartiates, qui lui rendaient hommage dans le sanctuaire d'Amyclées. Il aurait pu jouer un rôle dans un cycle de rite de passage des jeunes soldats. La statue originale pourrait aussi être une œuvre votive offerte par un athlète après sa victoire dans une discipline. On ne sait pas sur quel site l'original en bronze, aujourd'hui disparu, se trouvait. Seules demeurent des copies en marbre d’époque impériale. La plus célèbre d'entre elles est le Discobole Lancellotti, considérée comme la reproduction la plus fidèle de l'original.