Bruce Sargeant, l’aïeul imaginaire de Mark Beard

Mark Beard est un peintre américain né en 1956. Espiègle, il s’est inventé un aïeul, Bruce Sargeant, (en référence à l’artiste John Singer Sargent 1856-1925) allant même jusqu’à inventer une biographie de son pseudo grand-oncle. C’est la raison pour laquelle les peintures signées "Bruce Sargeant" sont étiquetées "date inconnue".

Bruce Sargeant, peintre fictif donc, est imaginé comme un artiste homosexuel au début du 20ème siècle. Mark Beard en a écrit une biographie faite d’épreuves et de triomphe pour s’achever forcément trop tôt, tragiquement.

Biographie de Bruce Sargeant :

"Ce grand-oncle a vécu avec sa grand-mère à Rotherham, une petite ville à l’extérieur de Sheffield, en Angleterre. Mark Beard explique qu’en raison de son héritage et la découverte de centaines de toiles de la collection retrouvée dans la maison familiale, il diffuse petit à petit des œuvres sur le marché de l’art.

Bruce Sargeant était membre de la National Academy of Design. Son ancien conservateur en chef, David Dearinger, surnommait Bruce Sargeant « le Eakins anglais ». Il est né en 1898 d’un père américain et d’une mère anglaise. Bien que dans sa jeunesse, il a voyagé à New York et à Paris, il a passé la majeure partie de sa vie à Rotherham. Même si sa famille n’avait pas encouragé sa vocation de peintre, il entra néanmoins à la prestigieuse école d’art londonienne, la Slade, en 1920. Il prit également des cours du soir avec l’École des Beaux-Arts, éduqué par le peintre Hippolyte-Alexandre Michallon."

nota : (Hippolyte-Alexandre Michallon est un autre des pseudonymes de Mark Beard.)

"Après 1921 il retourna à Sheffield et reprit sa peinture. Il entama là une liaison avec un jeune homme de la région. Après quelques années de bonheur entre eux, le père indigné de ce jeune homme apprit leur relation et la révéla au père de Sargeant. Le paternel bannit Bruce en l’envoyant au Canada pour tenter de mettre fin au scandale. Bruce entretint alors une correspondance passionnée avec son amant, ne désirant que de le retrouver. À la mort de son père en 1926, Bruce Sargeant retourna à Sheffield."

"Après avoir brièvement renoué avec son amant, il s’aperçut que les différences de classe et d’éducation étaient devenues trop importantes pour être dépassées. Ils rompirent et Bruce concentra son énergie sur la construction d’un studio, The Firs, où il peignit des portraits, paysages, natures mortes… Ainsi que, en proportion importante, des athlètes, son obsession.

Au cours de la décennie suivante, l’entreprise familiale Sargeant qui le faisait vivre fut vendue et Bruce en fut réduit à recevoir de faibles émoluments. Un succès modeste dans les expositions d’art et dans les galeries l’obligea à voyager et lui fournit quelques moyens financiers. Il retourna à Paris, où il fut impliqué dans une affaire tragique avec un homme marié. Il se rendit ensuite à New York, pour renouer avec le travail des peintres Ashcans qui l’avaient si tôt inspiré dans sa démarche artistique. Mais ce fut un voyage fatidique dans l’Allemagne nazie de 1936 et une relation intime avec le jeune allemand Hans Kramer qui aboutit à certains de ses œuvres les plus puissantes. Sargeant fut nommé peintre officiel de la Grande-Bretagne pour les Jeux olympiques de 1936. Il n’a pas seulement peint les athlètes, mais aussi plusieurs vues de Berlin, y compris l’intérieur de sa chambre d’hôtel. Cette période prolifique aboutit également au livre de gravure et de poésie de Sargeant, publié en privé en 1938."

"Sans sa mort accidentelle dans un combat de lutte en 1938, nuque brisée, il aurait produit davantage d’œuvres sensuelles que les amateurs d’aujourd’hui apprécient et étudient. De nombreuses toiles issues de collections privées restent à découvrir."

Mark Beard ira jusqu’à créer un article de journal relatant la mort de son soi-disant aïeul.

Un Saint Sébastien classique de belle facture !

Mark Beard pousse le scenario en inventant même des photographies d'époque de Bruce Sargeant en plein travail.