Hans Von Marées

Hans von Marées (1837 – 1887) est un peintre allemand qui fait d’abord partie d’un groupe d’artistes appelé "les Romains allemands" avant de devenir l'un des chefs de file du courant idéaliste de la peinture allemande.
Fils d'un président de la chambre de Prusse, il est descendant d'une famille de la noblesse franco-flamande. Son don pour le dessin est décelé tôt. Il fait des études à l'Académie des beaux-arts de Berlin. Après son service militaire, il se rend à Munich en 1857. Il peint la nature en s'opposant à l'académisme ambiant pour s'inspirer des maîtres flamands et de leurs tonalités sombres. Pendant cette première période, Hans von Marées peint des scènes militaires et surtout des paysages, dont un « Diane au bain » en 1863 composé d'un groupe de nus décoratifs se détachant sur un fond de paysage. Il fait le portrait de ses amis et plusieurs autoportraits. 
 

En 1864, le comte Von Schack l'envoie à Rome où il est chargé de réaliser des copies des maîtres Italiens et de l’art antique pour sa galerie personnelle. Après une imposante production il rompt avec le comte en 1868 et commence à s'intéresser à la philosophie de Konrad Fiedler qui devient rapidement son mécène. En 1869, ils voyagent ensemble en France, en Espagne, en Belgique et aux Pays-Bas. Il revient fortement influencé par Delacroix et peint des scènes champêtres idylliques plus puissantes. Cela l'amène à fréquenter les cercles néo-idéalistes allemands, au sein duquel il fait connaissance avec le sculpteur et architecte Adolf von Hildebrand. 
Lié intimement à Hildebrand, les deux artistes sont entretenus par Fiedler et vivent avec lui. Marées connait un virage essentiel dans son œuvre quand il est choisi avec Hildebrand pour peindre les fresques de la bibliothèque de l'institut zoologique de Naples. Les deux artistes travaillent ensemble, en collaborant sur les parties peintes de la salle et sur les sculptures. 
 

Choisi pour illustrer la vie des pêcheurs Napolitains il réalise des œuvres d’une grande puissance, peuplée de personnages masculins nus, majestueux et sensuels, malgré (et peut-être grâce à) la simplicité des activités représentées. Il y montre la vie idéalisée des pêcheurs dans une fantasmagorie de l’Antiquité. Le travail dure quatre mois

Dans l'une des peintures de la fresques il dessine une pergola sous laquelle il est assis à côté de Hildebrand ainsi que d'autres personnages.
Cette œuvre monumentale est un témoignage important de la peinture allemande de la fin du XIXe siècle. 
Par la suite Marées va revenir de nombreuses fois sur le thème du nu masculin dans les paysages champêtres. De manière récurrente les hommes sont nus et les femmes habillées. À partir de 1874, ses compositions représentent presque uniquement des groupes de corps nus aux carnations lumineuses sur un fond de paysage sombre dont le rôle accessoire consiste surtout à servir de lien entre les figures et où se fonde un nouveau rapport à l'Antiquité. Ses personnages sont l'image d'une humanité supérieure. Son art, chargé de préoccupations éthiques séduit par sa recherche passionnée de pureté formelle. Brossées dans une pâte généreuse et travaillée ses scènes toujours très claires sont savamment équilibrées par des formes contrebalancées et se détachent dans une atmosphère crépusculaire.
 

Hans Von Marées se rapproche ensuite d’Arnold Böcklin, peintre Suisse romantique dont il a fait connaissance à Florence en 1874, et s'éloigne définitivement de Hildebrand en 1876. Leur rupture est dépeinte dans le tableau « La femme entre deux hommes ».  Hildebrand retourne en Allemagne avec une femme, alors que Marées, s’installe à Florence pour enseigner et collaborer avec divers artistes.

Influencé également par Rubens et l'Art italien, il s'intéresse à la Renaissance vénitienne et s'installe définitivement à Rome en 1876. Il s'intéresse à la sculpture antique et développe une œuvre qui idéalise l'existence de l'homme dans la nature. La mythologie sert de prétexte, à l'instar souvent de Puvis de Chavannes, à des compositions dans des paysages méridionaux, avec des contrastes forts de tonalités, comme dans « Les Hespérides ».
Marées connait parfaitement l'Art français, Courbet, Manet, Puvis de Chavannes. Ses compositions remontent à une étude approfondie de l'Antiquité et de la Renaissance, elles n'insèrent pas les nus dans une action, mais doivent être comprises comme une étude, une variation sur le mouvement, la pose et le geste. Il admire Léonard de Vinci, Michel-Ange, Poussin. Il s'inspire des fresques de Luca Signorelli à Orvieto pour « Trois hommes dans un paysage » peint à Florence. Son évolution va d'un réalisme influencé par les paysagistes français à de grandes compositions calmes et fortement rythmées, pages allégoriques peuplées de figures nues presque immobiles. La constante majeure de son œuvre est de trouver la relation idéale entre le corps humain et l'espace naturel.
La plupart de ses dessins sont des études préliminaires pour ses peintures. Ceux de ses dernières années sont parmi les plus beaux que l'on connaisse dans ce genre en Allemagne au XIXe siècle.
Quasiment inconnu à sa mort à seulement 49 ans, Marées influencera post-mortem des générations d'artistes allemands dans toute la première moitié du XXe siècle. Il est enterré dans le cimetière protestant de Rome.