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L’idéal de beauté masculin est imperméable aux modes. Si le nu féminin est omniprésent dans l’art jusqu’à saturer notre imaginaire, le nu masculin reste timide, tout en étant un canon culturel immuable. Parce que le corps de l’homme est un support de représentation symbolique, osons le nu masculin dans l’art, au fil du temps ; osons autant le nude (nu) que le naked (déshabillé) en anglais.

02 Jul

nu masculin académique. 7

Publié par Romain  - Catégories :  #toutes époques

Longtemps l’histoire de l’art s’est fondée sur la distinction entre « le Nu » idéal (the Nude) et la trouble et décevante « nudité » (nakedeness). Cette définition n’a cependant pas résisté à la critique des sciences humaines et de la psychanalyse et sa déconstruction a laissé le discours sur l’art dans un flou durable. Les tentatives pour redéfinir le nu se succèdent sans remporter une adhésion décisive.

En opposant le nu « académique » et le nu « érotique », on fait la distinction entre la forme et le sensible. 
L’existence même d’un genre du nu est mise en doute et nombreux sont les historiens de l’art à préférer parler de ‘nudités’ plurielles. De fait, si la Grèce antique a introduit la 'nudité athlétique' et si elle a produit les premiers modèles de nus dans l’art occidental, on ne trouve pas dans l’Antiquité de théorie clairement formulée sur le nu.

Une étude linguistique plus ample et plus systématique confirme que le mot 'nudus' n’avait pas à Rome d’emploi substantivé. Il existe bien des Vénus, des Cupidons, des Hercules nus, mais la nudité n’est pas le prédicat définissant un genre d’œuvres : « le nu », pour les Anciens, n’existait pas.

Le Moyen Âge, qui globalement condamne la nudité corporelle et réserve les images de nus païens à la dénonciation de l’idolâtrie et à la vitupération des vices, n’a pas davantage fourni de théorie du nu dans l’art. Ce sont les humanistes qui, les premiers, ont nommé le nu, l’ont défini et ont formulé des préceptes spécifiques pour sa fabrication.

Le nu, comme substantif singulier générique, apparaît en effet à la Renaissance dans les premiers traités d’art européens. Leon Battista Alberti aurait ainsi créé « le nu » en 1435 dans le traité De pictura en énonçant des assertions comme « il faut dessiner un nu …» ou encore « quand il s’agit de peindre un nu ».

Les théoriciens de l’art de la Renaissance définissent le nu à la fois par rapport au vêtu et par rapport à l’écorché. La confection d’une figure humaine est un processus technique d’habillage progressif à partir de la structure des os que l’on recouvre de muscles, de chair et de peau ; puis, le cas échéant, on ajoute aux tissus anatomiques des tissus artificiels. Le nu est donc un état intermédiaire entre les deux extrêmes que sont le squelette et la figure la plus richement parée. C’est pourquoi il connaît une multitude de degrés divers, le corps étant plus ou moins voilé ou plus ou moins ouvert.

De plus, les humanistes divisent le nu en plusieurs espèces non seulement en fonction de l’objet (nus masculin, féminin et enfantin), mais aussi de l’êthos de l’artiste et du pathos éprouvé par le spectateur (nus terribles ou recherchés et nus doux ou gracieux). Les théoriciens du nu se sont efforcés de fonder leur objet, le nu artistique, sur trois disciplines anciennes : les mathématiques, la médecine et la philosophie morale.

D’une part, le nu est un microcosme, mesuré, proportionné et géométrisé. D’autre part, le nu naît de la vérité anatomique : dans l’enthousiasme de la légalisation des dissections, les théoriciens du nu ont repris, comme les médecins avec lesquels ils collaboraient, l’essentiel de leur doctrine anatomique de Galien, auquel ils ont parfois combiné des éléments du corpus hippocratique ou d’Aristote. Enfin, le corps est un miroir de l’âme et révèle le tempérament qui est conditionné par les humeurs.

Ainsi les humanistes ont élaboré la théorie du nu à partir de trois doctrines antiques, qu’ils ont enrichies et adaptées à leur objet :

- la symétrie – l’étude des proportions du corps humain –,

- l’anatomie – l’étude de sa structure interne –

- la physiognomonie – l’étude des signes de l’âme qu’il présente au regard –

nu masculin académique. 7
nu masculin académique. 7
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nu masculin académique. 7
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L’idéal de beauté masculin est imperméable aux modes. Si le nu féminin est omniprésent dans l’art jusqu’à saturer notre imaginaire, le nu masculin reste timide, tout en étant un canon culturel immuable. Parce que le corps de l’homme est un support de représentation symbolique, osons le nu masculin dans l’art, au fil du temps ; osons autant le nude (nu) que le naked (déshabillé) en anglais.