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L’idéal de beauté masculin est imperméable aux modes. Si le nu est féminin est omniprésent dans l’art jusqu’à saturer notre imaginaire, le nu masculin reste timide tout en étant un canon immuable dans l’art. Parce que le corps de l’homme est un support de représentation symbolique, osons le nu masculin dans l’art, au fil du temps ; osons autant le nude (nu) que le naked (déshabillé) en anglais.

07 Nov

L’énigme Hans Frohne

Publié par Romain  - Catégories :  #20ème siècle

Hans Frohne - la chute de Phaéton - 1939

Hans Frohne - la chute de Phaéton - 1939

De ce peintre allemand, on ne sait rien d'autre que les 4 lignes que lui consacre Hans Vollmer dans son Encyclopédie générale des artistes plasticiens du XXe siècle qui fait quand même près de 3000 pages et 6 volumes !
On peut y lire qu'Hans Frohne est né à Dresde en 1905 et serait mort après 1955. Peintre de personnages, il aurait étudié à l'académie de Munich à partir de 1922, aurait vécu en Italie longtemps, puis se serait installé ensuite à Berlin.
De son œuvre, on ne connait qu'une trentaine de tableaux, tous de grands formats, entre 1,5 et 3 m2, signés et datés, le mois en chiffre romain et les 2 derniers chiffres de l'année, exécutés entre 1931 et 1942.
Cette récurrence de grands formats indique qu'il avait une aisance financière suffisante pour pouvoir acheter son matériel, surtout les quantités de couleurs nécessaires pour couvrir ces grandes surfaces. Mais aussi un atelier ou du moins une pièce suffisamment grande pour pouvoir les manipuler.
L'iconographie de Frohne est exclusivement constituée de personnages nus, principalement des jeunes gens dans des poses sophistiquées qui cherchent à mettre en valeur la musculature des uns ou bien les formes féminines des autres, tous exposés sans pudeur.
 

Hans Frohne - lévitation

Hans Frohne - lévitation

Hans Frohne - enfants du paradis - 1935

Hans Frohne - enfants du paradis - 1935

Ces "enfants du paradis" représentent peut-être plutôt Caïn et Abel jeunes, avant leur combat fratricide.

 

Hans Frohne - rencontre - 1939

Hans Frohne - rencontre - 1939

Son style respecte les codes nazis de la beauté du corps en bonne santé. Pour autant on ne sait rien de son comportement pendant le IIIème Reich. Dans l'art officiel allemand, les images des hommes, et encore plus celles des femmes, sont fortement stéréotypées, avec une perfection physique exigée pour les peintures de nus. Les sexes masculins sont d'une taille réaliste et non celle de la nudité grecque.
Cependant, pour les artistes, il s'agit moins de " réalisme ", que de créer une image idéale, pour l'éternité. Les femmes sont donc mères ou des épouses et les hommes des ouvriers, paysans ou soldats, tous jeunes et bien formés.
Cela étant, l'idéal nazi ne laisse aucune place à la vieillesse, donc pas de chair avachie, signe de déclin. Aussi chez Frohne, s'il n'y a aucune personne âgée, on ne trouve qu'un enfant avec « Knabe als Fortuna » d'avril 1941.
 

Hans Frohne - Knabe als Fortuna - 1941

Hans Frohne - Knabe als Fortuna - 1941

Hans Frohne - The Enlightenment - 1940

Hans Frohne - The Enlightenment - 1940

Hans Frohne - mysterium II - 1942

Hans Frohne - mysterium II - 1942

Ce tableau " Mysterium II " peint en 1942 représente un couple enlacé après avoir fait l'amour.

 

L’énigme Hans Frohne

Les personnages évoluent sur des fonds très travaillés, souvent avec des effets de lumière et quelques fois des paysages indéfinis censés célébrer la patrie et le peuple que se doit d'illustrer la peinture "officielle" de l’époque.
Cependant, Frohne fait aussi se côtoyer des personnages sans que ceux-ci ne racontent une histoire, juste par esthétisme.

Hans Frohne - baigneurs - 1931

Hans Frohne - baigneurs - 1931

Hans frohne - pause au bord de la rivière - 1939

Hans frohne - pause au bord de la rivière - 1939

Hans Frohne - Pastorale II - 1942

Hans Frohne - Pastorale II - 1942

Hans Frohne - la course

Hans Frohne - la course

De son passage en Italie, Hans Frohne en revient chargé de carnet de croquis qui lui permettent de s'inspirer surtout des sculptures. C’est ainsi que son "penseur" peint en 1938 directement inspiré du Satyre endormi, plus connu sous le nom de Faune Barberini.
Alors que le marbre, avec ce visage très expressif, bouche entrouverte, cheveux en bataille et traits marqués, représente le sommeil de l'ivresse, Frohne dépeint, lui, un jeune homme songeur avec ce même bras relevé sur la tête.  Sa jambe droite n'en révèle pas moins le sexe du personnage de la même façon que le marbre l'expose frontalement.

Hans Frohne - Penseur - 1938

Hans Frohne - Penseur - 1938

Faune Barberini

Faune Barberini

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À propos

L’idéal de beauté masculin est imperméable aux modes. Si le nu est féminin est omniprésent dans l’art jusqu’à saturer notre imaginaire, le nu masculin reste timide tout en étant un canon immuable dans l’art. Parce que le corps de l’homme est un support de représentation symbolique, osons le nu masculin dans l’art, au fil du temps ; osons autant le nude (nu) que le naked (déshabillé) en anglais.