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L’idéal de beauté masculin est imperméable aux modes. Si le nu est féminin est omniprésent dans l’art jusqu’à saturer notre imaginaire, le nu masculin reste timide tout en étant un canon immuable dans l’art. Parce que le corps de l’homme est un support de représentation symbolique, osons le nu masculin dans l’art, au fil du temps ; osons autant le nude (nu) que le naked (déshabillé) en anglais.

20 Dec

le mystère de l'éphèbe de Marathon

Publié par Romain  - Catégories :  #Antiquité

le mystère de l'éphèbe de Marathon

Le mystère de l’éphèbe de Marathon.

L’éphèbe de Marathon est une statue en bronze découverte en juin 1925. Elle a été tirée des eaux dans des filets de pêcheurs travaillant en baie de Marathon, d'où elle tire son nom. Elle est communément rattachée à la sculpture grecque du second classicisme, c'est-à-dire du IVe siècle av. J.-C. Il est possible que la statue ait simplement orné la villa d'Hérode Atticus qui donnait sur la baie.

le mystère de l'éphèbe de Marathon

La statue représente un jeune homme nu, debout, de taille plus petite que nature — il mesure 1,30 mètre. Son attitude est assez complexe. Il s'appuie sur la jambe gauche ; le pied de la jambe libre est en retrait, posé sur la pointe, conformément aux règles du contrapposto de Polyclète. Le balancement des hanches est toutefois plus accentué que chez ce dernier, et le dessin des muscles — saillie des pectoraux et bas de l'abdomen — est moins marqué. La tête, penchée vers la gauche, est ceinte d'un bandeau auquel est attaché un ornement en forme de feuille ou de corne. Le regard semble se diriger vers la main gauche mais flotte en fait dans le vague, au-delà, comme c'est souvent le cas pour les œuvres du second classicisme. La stabilité de l'ensemble est assurée par une coulée de plomb à l'intérieur de la jambe gauche ; le canal de coulée est encore visible dans le gros orteil. Les traces d'arrachement sur la plante du pied et les trois premiers orteils montrent également que l'aplomb portait uniquement à gauche. La pointe du pied droit, manquante, a été restaurée à l'époque moderne.

Le bras droit légèrement plié est levé au-dessus de la tête alors que le bras gauche est collé le long du torse, l'avant-bras replié à angle droit. Un examen attentif du bronze montre que la main droite ne tenait rien et qu'elle n'était pas étayée, pas plus que l'avant-bras droit. En revanche, la paume de la main gauche est mortaisée et le tenon subsistant conserve des traces de plomb. La surface interne du majeur et de l'avant-bras gauches présentent des traces d'aplatissement montrant que l'éphèbe tenait un attribut de forme plate et long d'environ 20 centimètres, puisqu'il arrivait jusqu'au creux du coude.

le mystère de l'éphèbe de Marathon

Les yeux sont formés d'une pierre blanche où l'iris est figuré par un disque de pâte de verre jaune clair ; la pupille est perdue. Ils ont été insérés après l'adjonction des cils le long des paupières. Les tétons sont une incrustation de cuivre pur.

La pose de l'éphèbe n'est pas bien comprise. Elle n'est pas sans rappeler celle des athlètes verseurs d'huile ou le type du Satyre verseur, mais la position de la main droite interdit d'y voir un geste d'échanson. On a également suggéré que l'éphèbe tenait une toupie ou un yo-yo, jouets dont l'existence est bien attestée en Grèce antique, mais l'absence de marques de contact sur les doigts contredit ces hypothèses. Le rapprochement du pouce et de l'index pourrait en fait signifier qu'il claque des doigts.

Il est tentant de voir un lien entre le geste de la main gauche et celui de la main droite : l'éphèbe pourrait amuser un nouveau-né porté sur le bras gauche, comme le fait l’Hermès portant Dionysos enfant, ou un coq (cadeau pédérastique traditionnel).

Si l'on fait de l'éphèbe un Hermès, il pourrait porter une tortue : l’Hymne homérique consacré au dieu décrit la joie de ce dernier quand il découvre la tortue dont il fera la première lyre.

La position du bras gauche, tendu à plat, rend ces reconstructions peu vraisemblables. Toutefois, le bras pourrait avoir été remanié à une époque postérieure. Si en revanche la position du bras est originale, l'éphèbe pourrait porter un plateau de la main gauche, dont il découvre le contenu en soulevant un tissu de la main droite. Ce type de représentation se retrouve sur des lécythes funéraires à fond blanc : si l'on y ajoute le fait que Marathon abritait une garnison d'éphèbes, la statue pourrait être un monument votif éphébique. L'ornement frontal porté par l'éphèbe est un apex — plume, fleur ou fleur retenue sur le haut du front par un bandeau. On retrouve ce type d'ornement sur d'autres sculptures ainsi que des vases peints. En forme de fleur de lotus, c'est à l'époque ptolémaïque un attribut d'Hermès Parammôn. Interprété plutôt comme le bandeau de l'athlète vainqueur, le ruban pourrait signifier que la statue décorait une palestre.

le mystère de l'éphèbe de Marathon

Il reste donc une grande part de mystère autour de ce superbe éphèbe de Marathon : qui a réalisé cette sculpture ? Quels sont les ornements perdus qui permettraient de comprendre le sens donné ? Quelle est son histoire entre sa réalisation et sa découverte ? Laissons nos imaginations travailler !

le mystère de l'éphèbe de Marathon
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L’idéal de beauté masculin est imperméable aux modes. Si le nu est féminin est omniprésent dans l’art jusqu’à saturer notre imaginaire, le nu masculin reste timide tout en étant un canon immuable dans l’art. Parce que le corps de l’homme est un support de représentation symbolique, osons le nu masculin dans l’art, au fil du temps ; osons autant le nude (nu) que le naked (déshabillé) en anglais.