Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

L’idéal de beauté masculin est imperméable aux modes. Si le nu est féminin est omniprésent dans l’art jusqu’à saturer notre imaginaire, le nu masculin reste timide tout en étant un canon immuable dans l’art. Parce que le corps de l’homme est un support de représentation symbolique, osons le nu masculin dans l’art, au fil du temps ; osons autant le nude (nu) que le naked (déshabillé) en anglais.

23 Mar

Jean-Auguste-Dominique Ingres, le maniériste

Publié par Romain  - Catégories :  #19ème, #néoclassicisme

Ingres - Œdipe explique l'énigme du sphinx

Ingres - Œdipe explique l'énigme du sphinx

Dernier des peintres néoclassiques français, Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780 – 1860) est l’inventeur d’un canon de beauté féminine atypique, maniériste, qui l’a rendu célèbre. Son œuvre maîtresse est La Grande Odalisque (1814), inscrite tout autant dans l’histoire de l’orientalisme que dans la tradition des grands maîtres de la peinture occidentale. Habile dessinateur, admirateur de Raphaël et adepte de la ligne pure, Ingres fut d’une telle influence qu’on parle d’« ingrisme » ou de « période ingresque » quand d’autres artistes, tels Pablo Picasso, en sont venus à s’inspirer de sa manière.

Né à Montauban,  Ingres a fait ses premiers pas aux côtés d’un père sculpteur qui favorisa son entrée à l’Académie de Toulouse puis encouragea son fils à « monter » à Paris. En 1796, Ingres intègre l’atelier de Jacques-Louis David, le plus grand peintre néoclassique de l’époque, qu’il assiste dans certains travaux. Le jeune homme obtient le Prix de Rome en 1801 et rejoint, en 1806, la Villa Médicis, comme l’offre l’institution académique aux lauréats de ce concours prestigieux. Lui qui admire les grands maîtres de la Renaissance, en particulier Raphaël, ce séjour romain est providentiel. Il travaille intensément au thème qui restera son préféré : le nu féminin. L’artiste réalise également des peintures d’histoire, principalement sur des thèmes mythologiques, ainsi que de très beaux nus masculins. Après la fin de sa résidence artistique, il se marie et demeure à Rome… Une ville à laquelle il reste attaché toute sa vie, occupant même la fonction de directeur de la Villa Médicis de 1835 à 1841.

Jean-Auguste-Dominique Ingres, le maniériste
Jean-Auguste-Dominique Ingres, le maniériste

Bien qu’il soit très talentueux et dessinateur hors pair,  le style d’Ingres, jugé trop maniériste, ne plaît guère aux collectionneurs français. L’un des plus célèbres scandales du XIXe siècle concerne sa Grande Odalisque, un nu exposé au Salon de 1819 : Ingres est durement moqué par ses contemporains, qui lui reprochent de ne pas savoir traiter correctement l’anatomie, d’avoir peint une figure archaïque, manquant d’expression et aux proportions difformes.

Ingres fut un portraitiste prolifique et très demandé dans les années 1850. Ses œuvres constituent une remarquable galerie de portraits de la haute société du Second Empire. Il part d’une étude réaliste de ses modèles mais tend à les idéaliser, accentuant les effets d’arabesques, la préciosité des costumes, la monumentalité des postures, la noblesse et l’intensité des regards.

L’idéal ingresque diffère de l’idéal académique promu par l’Académie des Beaux-Arts. Selon Ingres, la beauté est subjective et personnelle à chacun des modèles. C’est au peintre de la révéler, et non simplement d’appliquer des formules toutes faites. Il enseigne à ses étudiants cette conception à l’École des Beaux-Arts à partir de 1829. Son style influencera les peintres modernes, d’Henri Matisse à Pablo Picasso, en passant par Auguste Renoir et Man Ray.

Couvert de tous les honneurs, Ingres décède à Paris en 1867. Il a légué une partie de son œuvre (en particulier des milliers de dessins) au musée de Montauban, sa ville natale.

Jean-Auguste-Dominique Ingres - étude de nu - 1801

Jean-Auguste-Dominique Ingres - étude de nu - 1801

Jean-Auguste-Dominique Ingres - étude académique d'un torse

Jean-Auguste-Dominique Ingres - étude académique d'un torse

Jean-Auguste-Dominique Ingres - Achille recevant les ambassadeurs d'Agamemnon

Jean-Auguste-Dominique Ingres - Achille recevant les ambassadeurs d'Agamemnon

Commenter cet article

À propos

L’idéal de beauté masculin est imperméable aux modes. Si le nu est féminin est omniprésent dans l’art jusqu’à saturer notre imaginaire, le nu masculin reste timide tout en étant un canon immuable dans l’art. Parce que le corps de l’homme est un support de représentation symbolique, osons le nu masculin dans l’art, au fil du temps ; osons autant le nude (nu) que le naked (déshabillé) en anglais.